Harvey Zrodwayne est un jeune dramaturge et scénariste, brillant et gouailleur. Après ses premiers succès new-yorkais, son agent lui propose de rejoindre Hollywood où une carrière fulgurante l’attend. Seul hic : Harvey est communiste. Et en cette année 1951, le maccarthysme et la chasse aux sorcières battent leur plein, les têtes d’affiche tombent les unes après les autres pour « activités anti-américaines » et la méfiance est généralisée. Le héros s’en aperçoit vite, lui qui retrouve à Los Angeles son grand frère, Sam, scénariste à succès par ailleurs porté sur la bouteille qui dort avec un revolver et se sent traqué en permanence. Ce qui aurait pu relever de la paranoïa californienne se révèle peu à peu être une vaste intrigue où gravitent un psychologue anticommuniste affilié au FBI, des militants repentis et délateurs, des comédiennes talentueuses et désabusées, une mystérieuse voiture bleu clair qui disparaît sitôt qu’on s’en approche… et Sue, secrétaire pas vraiment gauchiste d’un magnat de la production cinématographique, dont Harvey s’entichera rapidement, au cours d’une éducation sentimentale autant que politique.
La façon dont Nikos Maurice nous entraîne dans l’Amérique des années cinquante tient du tour de force, tant par l’incarnation de personnages hauts en couleur et attachants que par un style qui se joue des codes, à la fois comique et trépidant. La grande famille du cinéma hollywoodien défile au passage, et le lecteur pénètre jusque dans le jardin d’un James Stewart débraillé, où s’est encastré la voiture neuve de notre héros devenu détective amateur… Un régal de suspense et de romanesque.
Hollywood, les années rouges / Nikos Maurice