Passé, modernité, débats sociaux survolent le jeune créateur qui évite la collision avec un réel reclus entre tradition chinoise, réalisme socialiste et abstractions. Il suit son intérêt prononcé pour la culture du livre. Ses lavis fouillent un art populaire et brut dignes de Dubuffet ou des peintres excentriques mandchous. Ses installations de livres céramiques rappellent son profil de lettré admiratif et critique sur le passé et le présent, la Chine et l’Occident. Au fil des années, chacun de ses cycles est un thème qu’il s’approprie : le Classique des montagnes et des mers, un recueil de données géographiques et de légendes de l’antiquité chinoise composé sous les Royaumes combattants (481 – 221 av. J-C). Contexte historique encore avec une série de livres d’artistes déployés en un Classique du thé, composé au viiième siècle, oeuvre qui se nourrit du ritualisme confucéen et du bouddhisme Chan. Elle devient une suite de livres-stèles en papiers artisanaux calligraphiés, peints, gaufrés. Avec De la pharmacopée chinoise, Souvenirs (2016), il s’approprie l’oeuvre du botaniste et médecin Li Shizhen (1518–1593) qui procède, sous la dynastie des Ming,
à une nouvelle façon de comprendre le monde avec l’observation directe de la Nature. Six cents ans après, Yuan Chin-taa a créé cette gigantesque installation de cubes de papiers qu’il moule, gaufre,
sculpte en utilisant différentes versions de documents scientifiques anciens et fictifs. Il y a rajouté son imaginaire d’homme du xxième siècle.
Jeux sur l'Empire du Milieu / Yuan Chin-taa