Le Sang de Méduse réunit des textes publiés au Mexique de 1956 à 1984. Les thèmes qui irriguent ces contes ou nouvelles puisent leur source pour partie dans les mythes de la culture européenne (Persée, Méduse, Pygmalion), pour partie dans les guerres (de celles d’Alexandre au deuxième conflit mondial) comme dans les grandes figures de sa littérature : Shakespeare, Dante, l’ingénieux Hidalgo et Sancho Panza, Poirot, Maigret, Swift. L’histoire du continent américain est aussi très présente (cf. « L’Assassinat de Lincoln »), la menace nucléaire, la guerre froide comme la ville de Mexico. Le récit historique est étroitement tissé avec la fiction et est traversé par l’idée borgésienne qu’un lieu, un personnage ou un instant est à la fois tous les lieux, toutes les personnes et tous les instants. Il opère un montage des récits qui rapproche des espaces-temps éloignés pour écrire une autre histoire de la cruauté, qui s’incarne dans des personnages, historiques ou inconnus, et rend présente l’ubiquité du mal ou les boucles de l’Histoire. Le couple éternel du bourreau et de la victime mis en scène prend des formes diverses : bourreau de l’Inquisition, tortionnaire d’un régime autoritaire que la victime rencontre par hasard, bourreau ordinaire qu’est l’épouse acariâtre, avatar de la Gorgone.
Les contes sont concis, oscillent entre réalisme et fantastique et enchantent le lecteur en le déstabilisant.
Le sang de Méduse / José Émilio Pacheco