Le vieil air du monde, une fois joue l’air des malédictions qui toujours recommencent et au fond de l’homme s’acharnent, une autre celui des regrets et des nostalgies pour quelques complicités avec les splendeurs et les bonheurs qui s’effacent, ou pire, qu’un autre temps devenu fou s’entête à effacer.
Pour Jean Pérol, une fois de plus, le problème en poésie reste le même : le tout est de tout dire. Dans un complot vicieux qui ôte les sujets de la bouche, au cœur d’un monde qui ne rêve que de faire disparaître la poésie, ne pas se laisser faire reste le mot, et peu importe ce qu’en disent ceux qui, au fond, l’ont de tout temps niée et reniée.
Pérol reste un poète fidèle à ses fidélités, à une langue qui sache encore se tenir et partager, aux rythmes souterrains et aux traditions qui fondent la poésie française. Il se place, oui, assez loin d’une poésie-grenouille qui rêve de se faire plus importante que le bœuf philosophique. Assez loin aussi de la descendance mallarméenne et formaliste qui, par ses errances les plus égoïstes, est allée s’enfermer dans des hermétismes esthétiques squelettiques qui ont aussi peu ou prou contribué à la mort contemporaine de la poésie. Alors une fois de plus, Jean Pérol, dans ce nouveau recueil, se trouve confronté au réel des hommes et de la poésie du présent et, si possible, dans une transparence qu’il veut à la fois exigeante et fraternelle.
Le vieil air du monde / Jean Pérol