Némésis la glorieuse de Ladislav Klíma est une histoire d’amour, de folie, de fatalité et de fantômes. Publiée pour la première fois en 1932 de manière posthume, elle ne le cède en rien aux Dracula des autres. C’est cependant un roman noir au second degré qui ironise déjà sur les règles du genre en fuyant les Carpates, chères au coeur des maîtres de l’épouvante du xixe siècle, pour situer son action dans l’Engadine nietzschéenne. Qui étend ensuite sa satire impénitente à quelques-unes des institutions les plus respectées de la société moderne – psychiatrie, justice, médias –, bâtissant son suspense sur un enchevêtrement inextricable du trivial et du transcendant avant de sombrer enfin, avec une ivresse dionysiaque, dans la fascination de l’Abîme. Un petit bijou d’horreur qui fait honneur à tous les adjectifs dont l’auteur ‒ culte en Tchéquie, vénéré par Bohumil Hrabal ‒ qualifie l’ensemble de son œuvre romanesque : « réaliste, dégoûtante, fantastique, obscène, perverse, paradoxale et cynique » au superlatif. Cette nouvelle édition, revue d’après les manuscrits, s’accompagne de trois fragments inédits.
Georges Dupoy écrivait dans le Quotidien de Paris à la sortie de la première édition en 1988 :
"Roman de l’amour fou ? Policier métaphysique ? Délire nietzschéen ? Il y a un peu de tout cela dans Némésis la glorieuse de Ladislav Klíma, superbement traduit par Erika Abrams […]. Ce texte baroque, où les paroxysmes romantiques sont dynamités par la bouffonnerie, nous éclaire un peu plus sur l’étrange génie de Ladislav Klíma, écrivain tchèque doublement maudit : par l’hypocrite Kakanie de François-Joseph d’abord, par le gouvernement communiste ensuite. Blasphémateur, ivrogne, fornicateur, Klíma est le type même de l’auteur scandaleux que récusent les régimes qui prétendent à la vertu. Voilà pourquoi cet écrivain unique, exact contemporain de Kafka, demeure encore inconnu du grand public."
Némésis la glorieuse / Ladislav Klíma