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Éditions du Canoë

Tout vaut la peine si l'âme n'est pas petite
Fernando Pessoa

editions du canoe sculptures et bijoux gabrielle haardt
Sculptures & bijoux

Gabrielle Haardt

Avec des textes de Jacqueline Aubenas, Michel Butor, Claude Michel Cluny, Nathalie Georges, Georges Lambrichs, Philippe Robert-Jones et Jean-Pierre Van Tieghem.

Les bijoux de Gabrielle Haardt traduisent, au même titre que la statuaire dont ils procèdent intimement, la dynamique des formes – femme, fleur, couple, lingam (le Shishna indien) – et leur mobile beauté. Un pectoral, un collier n’ornent pas seulement, ils accompagnent,
ils « font corps » et se déchiffrent selon l’angle que font la lumière et l’ombre : leurs éléments ont un volume, pas seulement un dessin… Ils disent la grâce, le désir, l’éphémère : ce que l’art sauve pour un temps de périr.

Claude Michel Cluny

 

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40,00 €


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« Gabrielle Haardt. Sculptures & bijoux »

Textes de Philippe Roberts-Jones, Georges Lambrichs, Jean-Pierre Van Tieghem, Claude Michel-Cluny, Michel Butor, Nathalie Georges-Lambrichs. Éd. du Canoë, 2019. 170 pages. 40 euros.

 

Lecture par Claire Fourier

 

 

Les éditions du Canoë publient un album consacré aux bijoux et sculptures de Gabrielle Haardt, la mère de Colette Lambrichs. On savait celle-ci peintre et issue d’une famille d’artistes belges, on connaît ses qualités humaines et d’éditeur. Nous connaissons moins en France les créations de sa mère.

Ces créations étaient exposées récemment à la galerie Martel-Greiner, à Paris. Suis allée les voir, les ai beaucoup aimées.
Pourquoi ? Parce qu’elles sont marquées au sceau de la grâce. Au sceau de la souplesse et de la danse. Au sceau de l’élan amoureux. Au sceau d’un fragile équilibre. Le sceau fixe et ferme. Le terme convient et ne convient donc pas : fixé dans le métal, le motif a ceci de singulier qu’il paraît extrêmement mobile.

Je m’explique. Gabrielle Haardt crée des parures : colliers, pendentifs, bagues, boucles d’oreilles. En argent, en or, en marbre, en bronze patiné. Il y va d’un poli qui renvoie à l’œuf de Brancusi ; d’un mouvement ailé qui renvoie à l’oiseau de Braque ; d’une ronde qui renvoie aux danseuses bleues de Matisse.

Je m’explique encore. D’abord on note une imbrication de motifs ciselés. On s’approche. Tiens ! Ce sont des femmes ! Eh oui. Le corps est récurrent, que dis-je, omniprésent dans ces parures. Le corps féminin, nu, ouvert.
Parmi les motifs donc, ces minuscules silhouettes féminines, nouées les unes aux autres, se tenant par la main ou le pied, et qui s’enchaînent, constituant ici un collier. Là, isolées sur des bagues, des pendants d’oreilles. Là encore, réunies sur des statuettes.

Ce qui m’enchante, c’est que ces figures féminines sont comme dissimulées dans les arabesques du bijou. Il faut regarder de près pour qu’elles apparaissent. L’œil alors les reconnaît avec plaisir : il semble y aller d’une déhiscence. – Le voile et le dévoilement sont décidément le propre de la femme, me disais-je, admirative.

Des sculptures représentent des amants debout, agenouillés ou couchés, dans diverses postures ; soudés, extatiques, poignants, ils semblent tantôt s’offrir dans un doux abandon, tantôt se presser fiévreusement l’un contre l’autre. L’arrondi du métal ou de la pierre traduit bien la caresse et appelle aussi notre main.

Justement il y a des mains de femmes. En or ou en argent, elles sertissent, sans griffes, en douceur, dans les bagues, des pierres précieuses ou semi-précieuses, agate, lapis-lazuli…

J’ai été très sensible à une pyramide de corps en bronze patiné noir, au mouvement ascensionnel, présenté comme un hommage à Charles Fourier (à qui j’ai emprunté mon nom de plume).

Toujours ces corps sont élancés, arqués, cambrés, les jambes étirées. Ça glisse, se plie, se déplie et s’étire. Qu’il s’agisse d’objets de décoration ou utilitaires (carafe, salière, on sent la femme rompue au souci quotidien), on est ému par des figures dynamiques, quoique fixées ; par les frêles acrobates au jeu instable et vivant, danseuses non sur corde mais en l’air ; par une gestuelle flexible, faite de rinceaux, de spirales, de volutes.
Ce sont de petites statues d’élan, si je puis dire.

Parfois une perle de culture semble glisser comme une larme sur le métal poli ou quelque entrelacs. Parfois la petite silhouette féminine est seule, perdue sur un large fond, absente et mystérieuse. On se dit alors que rien n’est touchant, qui n’est un peu mélancolique.

Ainsi ce qui ressort et fait le charme de l’art minimaliste et épuré de Gabrielle Haardt, c’est une alliance d’intimité et de volupté, sur fond de raffinement. Ses petites figures sont mobiles parce que sensuelles. Ou sensuelles parce que mobiles. Tout est dense, et danse, invite à l’élévation.
J’ai senti dans ces bijoux et sculptures la matière spiritualisée. J’y ai perçu le destin d’équilibriste de la femme – la merveilleuse latence du Féminin, de l’Essentiel féminin qui rappelle que « Tout est grâce ».

 

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Gabrielle Haardt, sculptrice de bijoux

La chronique de Gérard-Georges Lemaire

 

lire l'article sur visuelimage.com

Gabrielle Haardt Sculptures et bijoux, collectif, Editions du Canoë, 180 p., 40 euro.

lemaire 21 11 19 02Voilà une artiste dont le nom ne me dit rien. Et pourtant, son oeuvre dans son ensemble mérite d'être considérée avec attention car elle est remarquable. Gabrielle Haardt a d'abord été sculpteur. Elle a utilisé aussi bien le bronze (sous toutes ses formes, patiné ou doré), le marbre (blanc ou noir), le granit noir, l'albâtre. En somme, elle ne s'est jamais arrêtée à une formule définie une fois pour toute : chacun de ses projets requérait une matière spécifique. Autre chose : si l'abstraction est dominante, elle a recours à des formes anthropomorphiques si besoin est. Là encore, elle ne s'est pas limitée à un style qu'elle aurait décliné au fil du temps. En réalité, elle a aimé conjuguer le figuratif et l'abstrait, comme le prouvent ses Corps enchevêtrés (1991). Elle a surtout manifesté une constante : le mouvement. Cela n'en fait pas une héritière de Boccioni et des futuristes, mais plus de Jean Arp (et de loin). Elle a aimé les formes courbes et surtout emportées par un élan dynamique.
Tout est mouvement dans ce qu'elle fait et tout a partie liée avec la danse. La chose n'est pas originale dans cette discipline, mais elle a su en tirer des effets nouveaux et d'une grande sensualité et une sensibilité très marquée. Elle n'est en rien dionysiaque, mais on ne peut non plus la ranger dans le registre de l'apollinien. Elle demeure mesurée dans son registre qui ne supporte pas la nature hiératique ou en tout cas statique d'une statue. Toutes ces rondeurs qui toupillent sur elles même ou s'élancent dans l'espace sont pleine de charme et ne cessent de constituer des formes nouvelles. C'est un délice pour l'oeil et qui invitent au toucher. Rien de forcée, rien de grandiloquent : une profonde capacité de séduire par les lignes souples et féminines, même si ce n'est parfois qu'une manière de découvrir un pensée intime et curieuse de la sculpture. Gabrielle Haardt a aussi ré »alise un beau jeu d'échecs et des bijoux. Ceux-ci jouent aussi sur la duplicité entre une figuration stylisée et une abstraction qui pourrait évoquer un corps. Elle a déployé dans ce domaine une richesse d'inventivité : elle puise à toutes les sortes mais n'a imité aucune période de l'art décoratif. Elle a fait preuve d'une grande liberté et aussi d'une originalité sans égale. Ce catalogue est un enchantement et permet de faire la découverte d'une artiste qui mérité d'être découverte par les uns et redécouverte par les autres.

 


 

 

 

Gabrielle Haardt, sculptrice de bijoux

Exposition des œuvres de Gabrielle Haardt, sculptures & bijoux.
Du 23 octobre au 5 novembre 2019, Galerie Martel Greiner, 71, boulevard Raspail, Paris 6e – 01 45 48 13 05

 

lire le compte-rendu par Alain Cardenas-Castro et Christophe Comentale

 

 

 

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