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Éditions du Canoë

Tout vaut la peine si l'âme n'est pas petite
Fernando Pessoa

editions du canoe tombeau pour damiens accueilClaire Fourier

Tombeau pour Damiens

avec 8 peintures de Milos Sobaïc

« La journée sera rude », dit seulement Damiens le 28 mars 1757 à l’annonce du supplice qu’on lui réserve pour le crime de régicide dont il est accusé. Ces mots, entrés dans la légende, authentiques ou non, ont retenu l’attention de Claire Fourier. Ils scandent comme une antienne le récit de la vie et de la mort de Damiens, personnage hors du commun, dont elle retrace le destin cruel. Figure incompréhensible pour son époque qui en a fait, Voltaire le premier, l’exemple même du fanatique, il est l’incarnation de la grandeur populaire qui veut signifier au Roi Louis XV que s’il ne s’amende pas, il mènera le Royaume de France à sa perte. Pour le mettre en garde, il le blesse sans dessein de le tuer. Son geste, qui annonce la Révolution Française, est puni, en plein siècle des Lumières, d’un supplice épouvantable, l’écartèlement. Entremêlant l’Histoire avec le quotidien d’aujourd’hui et son cortège de misères, Claire Fourier s’interroge avec compassion sur l’impénétrable condition humaine. Sondant le passé pour décrypter le présent, elle navigue sans cesse de l’un à l’autre pour les mettre en perspective. Elle signe avec ce Tombeau pour Damiens un vibrant chant d’amour pour un grand vaincu de l’Histoire.

 

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21,00 €

Tirage de tête

 

Les peintures sont de Milos Sobaïc. Techniques mixtes sur papier, elles mesurent chacune 30 x 21 cm. Elles accompagnent les 8 premiers exemplaires qui sont mis sous étui et numérotés de 1/8 à 8/8.

Peintre et sculpteur, Milos Sobaïc est un des artistes serbes majeurs d’après-guerre. Les violences traversées par son pays marquent profondément son art où se déploient les figures d’un Homme blessé constamment en butte à l’agression. Les 8 peintures ont été faites spécialement après la lecture de Tombeau pour Damiens.


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 Tombeau pour Damiens

ou

La Journée sera rude

de Claire Fourier

éd. du Canoë, 2018

Lecture par Louis-Ferdinand Despreez, (auteur de Bamboo Song)

 

Voilà, fini le Tombeau pour Damiens… 

J’entends les cris du supplicié Damiens même pas régicide à deux siècles de distance… J’en ai la nausée de m’être fait compter tant de bêtise et de saleté humaines pendant trois cents pages… Mais je suis content d’avoir lu et d’avoir eu mal. Il le fallait. Rien n’autorise un honnête homme à mourir idiot et ignorant…

Si je n’avais pas dû subir des circonstances imprévues, j’aurais fini ce livre d’une traite, comme tous les livres qui m’emportent. Bravo, bravo, bravo Claire… Et je ne flagorne pas, ce n’est pas mon genre, je suis un ours qui sort plus souvent de sa caverne pour gronder et griffer que pour réciter un madrigal bien tourné ou des haïkus…

Tellement bien aussi d’avoir démonté la gueule de ce triste sire de Voltaire ! S’il vivait aujourd’hui, il ne serait qu’un genre de BHL, lécheur de cul de princes, pérorant chez un quelconque Ruquier, ou encore une espèce de Debray, intello asthmatique de la jugeote, un oiseau migrateur du stalinisme au gaullisme, balayant sous le tapis la mort d’un révolutionnaire sur laquelle il en sait peut-être plus long que d’autres… 

Damiens, le loufiat besogneux et impécunieux avait l’audace, lui, de faire la peau à l’intelligentsia grasse et apoplectique. Et le livre aussi, dans les incessants aller et retour entre la vie de Claire et la place de Grève… Claire fait aussi la peau au monde où elle vit, et rejoint Damiens au Valhalla de ces emmerdeurs patentés qui défouraillent en permanence contre l’establishment…

Moi, je l’aime cette guerre de chaque page aux bourgeois qui pètent dans la soie en contemplant le supplicié de soie qui agonise dans la merde… Surtout quand ces vilains magistrats emperruqués ont la bassesse de s’acharner sur un pauvre valet nourri à la misère devenu camelot en savonnettes et armé d’un canif qui a le culot d’être plus libre qu’eux en égratignant le Louis XV, voyoucrate, glouton, constipé et baiseur… 

Ah, et il fallait aussi au moins une Claire pour oser dans ce récit macabre et lumineux en même temps, évoquer Jésus et son « Ceci est mon corps, prenez et mangez », surtout pour évoquer avec malice au passage ceux qui ont mangé le sien et en sont aujourd’hui à croquer les pissenlits par la racine et plus du tout à venir lui brouter gentiment l’entrejambe… Délicieux pied de nez aux convenances rassises ! Du comme j’aime, aucun doute ! De la vraie vie orgasmique qui côtoie la mort en rigolant comme dans du Rabelais saignant…

Et quel plaisir de voir Claire jouer avec les beautés de la langue française, avec les vêpres devenues opéra des gueux, avec ces filles vulgivagues et ces philosofesses plus tracassées du périnée que d’épicurisme… On jouit du langage d’une page à l’autre, même en poireautant dans la salle d’attente de l’ophtalmo de Claire où des vieilles hypocondriaques ripolinées font la queue en lisant des Cosmopolitan et des Elle pour connasses avant de retrouver la vue qui ne les rendra pas moins aveugles…

Ah, et qui donc ose encore citer de nos jours Léon Bloy, détestateur et pourfendeur virulent du bourgeois raciste et doré, et surtout ennemi juré de la colonisation en Indochine ? Mon logiciel de correction vient de me provoquer en duel en me suggérant de remplacer Bloy par Blog. Vous m’en direz tant… Léon Blog… c’est dire où nous en sommes ! Je vais envoyer mes témoins à ce foutu correcteur pour le convoquer sur le pré ! Culture numérique de merde pour bouseux illettrés… Il fallait une Claire pour exhumer ce vieux polémiste mal embouché qui faisait toujours mouche en appuyant comme un salaud sur les abcès purulents de son temps…

Oui… Un tombeau par Damiens, un joli livre baigné dans la laideur et les sanies du supplicié… Faut le faire, non ? Mais, attention, il n’est pas pour tout le monde, le récit de cette peut-être Marie de Magdala qui accompagne le Christ… Faut être intelligent et libre pour y avoir droit, et ne pas penser comme un con… 

Parce qu’il y a du social dans les pages du livre, du Zola cuvée XXIe siècle, du vrai, du pur sans politicaillerie de bas étage, sans daube électorale pour primaires ou présidentielles pour socialos, marcheurs, rassembleurs ou écolos de mes deux… Ça parle de choses que ces gens de la politique ne connaissent pas, tout comme l’ignorant Louis XV que Damiens a égratigné qui devait penser que les gueux de son temps mangeaient de la brioche… 

Il y a également du féminisme aussi dans les pages, du bon, du qu’on peut respecter, et pas du féminazisme. Et ça repose le mâle qui en marre de la propagande culpabilisatrice des viragos enragées !

Et ça parle surtout d’amour dans ce livre, des miraculés de la cour des Misères, de compassion pour ces femmes d’aujourd’hui hagardes dans le métro poussant le landau de leur bébé grisâtre abandonné aux soins d’une nourrice afin qu’elles puissent aller perdre leur vie à la gagner… 

Dans ces moments, c’est Robert-François Damiens, le saint régicide amateur, qui dialogue avec le cœur de Claire, vraie citoyenne de gauche anonyme et discrète comme une dame patronnesse du canal historique, pas caviardée ni cachemirisée… C’est joli d’avoir mêlé Damiens, pur et vrai amoureux du peuple jusqu’au sacrifice, à la vie de la béguine Sœur Claire de Saint Vincent de Paul debout comme une stabat mater à son chevet pendant que l’ordre ancien arrache un à un les membres de l’emmerdeur illuminé par la grâce révolutionnaire afin de repousser l’ordre nouveau qui menace. 1789 est au coin du bois… Mais les emperruqués ne voient pas encore venir le rasoir national qui va les équarrir plus vite que Damiens…

On voit en lisant Tombeau pour Damiens comment ces aller et retour audacieux entre la vie maudite de Damiens et la vie de Claire sonnent comme des évidences ! Ce n’était pas gagné comme défi littéraire. Il faut du talent pour réussir certains tours de passe-passe pour que le lecteur n’y voie que du feu. Parole d’écrivain…

Et le travail d’historien… Pas le plus important à mes yeux, mais il est là, et il sonne juste. C’est d’ailleurs le minimum que l’on doit au lecteur que de savoir de quoi on parle lorsqu’on se veut écrivain...

Rien à redire… À lire, à lire, à relire… Ça change de la pissette ennoblie aux prix littéraires…

 

 


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 alfred gilder tombeau pour damiens

 

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La passion selon Damiens, « égratigneur de roi pour l’amour du peuple »

de ROFFI / martine roffinella - Sous le pavé, la plume… 5 juillet 2019
article complet : http://martineroffinella.fr

 

 

« La journée sera rude », dit Robert-François Damiens, dernier condamné à subir l’épouvantable et long supplice de l’écartèlement. Le 5 janvier 1757, il avait « égratigné le roi de son canif », non pour le tuer mais pour « l’amener à prendre conscience de sa conduite odieuse envers le peuple ». Claire Fourier ressuscite avec amour ce « noble cœur », ce « Simone Weil au masculin » dont elle a accueilli « l’âme hardie » dans son « âme craintive ».

« J’ai fait chair en moi de sa chair souffrante et de sa langue affûtée », écrit Claire Fourier qui relate, dans un style époustouflant, presque à vous en étourdir ou à vous en clouer d’émotion, le supplice de Damiens.

Quatorze heures infernales de cruauté, dont « deux heures et quart » pour le seul écartèlement, car il a fallu « s’y reprendre à soixante fois » pour « disjoindre les membres ».

Damiens, « resté conscient » tout au long des tortures qui ont précédé sa condamnation finale, « regardait son corps se disloquer » (« c’est le bras droit qui s’est rompu le dernier ») – et Claire Fourier d’écrire à propos de « son » Damiens, « homme de classe » : « je te prends dans mes bras, je peux puisque les miens sont bien noués au corps (…), je vais recoudre tout ça et te donner fière allure à jamais, tu ne passeras pas inaperçu (…) je suis une bonne raccommodeuse, viens tout contre moi Damiens, la nuit sera douce, pas grave si je suis couverte de sang (…) la pensée de toi me réchauffe ».

Qu’a donc répliqué Damiens, après qu’on lui a signifié sa condamnation à « la question ordinaire et extraordinaire » puis, place de Grève à Paris, à être « tenaillé aux mammelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite tenant en icelle le couteau dont il a commis le dit parricide, brûlée au feu de soufre, et sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix-résine bouillante, de la cire et soufre fondus et ensuite son corps tiré et démembré à quatre chevaux et ses membres et corps consumés au feu, réduits en cendres et ses cendres jetées au vent » ?

« La journée sera rude », a dit Damiens avec panache – et de cette phrase Claire Fourier fait son leitmotiv, la pièce centrale de son récit, le point de jonction, voire de crucifixion, où le lecteur est sans cesse ramené, parfois tétanisé, douloureux souvent, à force de côtoyer une terrible injustice dont le fondement calcine l’esprit et glace les sangs.

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